Neuf jours au Japon

Décembre 2023 : temps splendide, soleil, températures entre 10 et 15 degrés

Jour 1

Atterrissage à Tokyo Haneda

Voiture privée (130 euros) à l’hôtel, 30 minutes de trajet

Premier contact avec la ville : les lignes blanches sur le bitume immaculé, la propreté, la lumière de fin d’après-midi

Enregistrement à l’hôtel The Okura dans le quartier de Minato (ambassades, résidences de luxe, pas d’animation, mais central) : reflet des branches et des feuilles des arbres dans les cloisons translucides tout au long du lobby

Visite de Tokyo Tower non loin et exploration d’Azabudai Hills, nouveau complexe de luxe, encore fantôme, avec des temples LVMH et Hermès en attente d’ouverture, découverte d’un centre déjà ouvert, luminescent, avec boutiques, restaurants et une librairie sublime

Retour à l’hôtel et dîner tepenyaki au restaurant Saranka au 41ème étage avec vue sur la ville, lumières à l’infini de la ville, petits légumes alignés sur la planche de cuisson, goût du saké

Première conversations déliées en famille après la course de la fin d’année

Jour 2

Rencontre à 9 heures avec notre guide, une dame délicieuse et délicate d’une soixantaine d’années, dans un manteau bleu marine ample et une robe en laine bleu pétrole

Première expérience du métro à la station Toranomon Hills aux airs de cathédrale

Première étape à Asakusa, visite du marché et du temple bouddhiste Sensô-ji ainsi que le sanctuaire shintô, notre guide explique la différence entre le bouddhisme, qui gère l’au-delà, et le shintoïsme, l’immanence, la nature, l’eau, le vent, le feu, les Japonais étant souvent les deux selon les circonstances

Dans la rue, une longue file d’attente stoïque pour « acheter des douceurs »

Siège d’Asahi en forme de verre de bière dorée surmontée d’une mousse

Visite de Skytree de Tokyo, sous nous, la ville s’étend dans un gris blanc granulaire traversé de fleuves parfaitement tracés

Nous prenons le métro pour le parc Ueno où nous déjeunons dans un restaurant traditionnel sur des tatami

Après le déjeuner, promenade dans le parc Ueno regroupant tous les musées de la ville, visite du temple du premier shogun, contemplation d’un camphre sacré au tronc tortueux depuis une plateforme dédiée

Continuation de la promenade dans le parc, admiration de l’architecture du Corbusier, de son émule japonais et des statues de Rodin

Déambulation dans la cité électronique, visite d’un magasin de sept étages avec rayons infinis de gadgets et signalétique exubérante

Visite d’une célèbre librairie de mangas, sortie rapide en raison de la majorité des livres « sexy »

Métro vers le palais impérial, centre « vide » de la ville, entouré de murs et de grands portails toujours fermés, les coureurs font le tour du palais le long des douves dans le sens contraire des aiguilles d’une montre

Dîner au Toranomon Sorahana près de l’hôtel, difficulté à trouver le restaurant en l’absence de toute enseigne ou signe indiquant son existence, nous sommes dans une pièce privée, dégustation d’un long dîner Omakase, oscillant entre étrangeté et délices, ces dîners étant l’incarnation de l’instant, incapacité de se rappeler ce qui a été mangé ou les goûts une fois l’instant de dégustation passé

Jour 3

Réveil matinal pour aller courir autour du palais impérial dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, disposition géométrique des pins nains sur la pelouse ocre des jardins environnants et symphonie de leurs troncs étranges

Visite du Meiji Shrine, symphonie des oiseaux dans les bois environnants nous menant au sanctuaire, circulation dans le sanctuaire par un temps splendide et contemplation des prières inaugurées par un seul applaudissement, rythmique de ces applaudissements

Achat de talismans dorés pour la paix d’esprit, la santé, la réussite professionnelle

Déambulation dans le quartier occidentalisé d’Omotesando avec ses boutiques de grand luxe et, dans les ruelles perpendiculaires, des marques tendance

Visite du Shibuya crossing depuis le premier étage de la Shibuya station, grappe humaine compacte avançant d’un pas synchrone d’un côté à l’autre du croisement, puis se délitant comme une nuée d’oiseaux

Déjeuner dans une boulangerie délicate avec des mets délicats, sandwich pain de mie japonais aux œufs

Déport vers Ginza, visite de quelques boutiques iconiques comme la papeterie Itayo, les boutiques Uniqlo et Muji, douceur des papiers au toucher

Visite d’un musée TeamLabs à Koto City, parmi une foule pieds nus prenant des photos d’installations étincelantes

En rentrant, vues spectaculaires sur le Rainbow Bridge et les gratte-ciels innombrables scintillant de lumières blanches toutes identiques perçant la noirceur parfaite de la nuit, se reflétant dans les eaux entre les îles

Dîner au restaurant L’aube, caché dans un immeuble résidentiel près de l’hôtel, le chef ayant travaillé en France chez l’Ami Jean et, une fois au Japon, ayant créé un restaurant en tout point opposé dans sa délicatesse et sa rigueur absolue au chef français ripailleur

Jour 4

La plus belle journée du séjour au niveau de la météo, grand soleil et 15 degrés (29 décembre), rendez-vous à 8h45 avec une guide charmante et jeune qui nous conduit à un bus du tour opérateur Gray Line pour nous emmener avec 50 autres passagers (Indiens, Chinois, Australiens, Canadiens) au Mont-Fuji

Dans le bus, la guide, une dame âgée japonaise absolument folle, parle en fermant les yeux et racontant des blagues qui font rire tout le monde

Tout au long des deux heures trente du trajet en bus, aperçu et guet du Mont Fuji, dressé là dans une clarté parfaite, en tout point concordant avec son image, sa présence physique instillant un sens du sacré dans la perfection de son dessin d’estampe japonaise, comme si un peintre l’avait peinte sur la toile du ciel

Visite de la Station 5, où l’on voit le Mont Fuji de très près

Déjeuner simple et délicieux dans une gargote en route, soupes de nouilles fumantes et beignets de pâte d’haricots rouges sucrés qui fondent en bouche

Hakone station, montagne noire et fumante, vues splendides sur le Mont Fuji, à la bonne distance, glace italienne surmontée d’une pâte de haricots rouges, dégustation d’œufs noirs promettant sept ans de vie en plus par œuf (consommation de deux œufs)

Croisière sur un lac à une heure de là, la nuit tombant et au bout de la croisière, apparition timide du Mont Fuji derrière le paravent d’une autre montagne

Retour en Bullet Train Shinkansen en 41 minutes à Tokyo Station

Direction hôtel Andaz pour un dîner de sushis, préparation des sushis par un maître sushi devant nous

Jour 5

Je cours autour du parc impérial et par ce samedi radieux, les coureurs sont nombreux, je suis pris dans leur flux, je rejoins un groupe de coureurs et suis accompagné pendant quelques instants par le bruit parfaitement synchronisé de leurs foulées

Nous allons encore une fois à Omotesando, succombons au plaisir Instagram du matcha latte, achetons des produits kawaï dans KidCity, et admirons les architectures des temples de luxe comme la Maison Margiela

Nous nous rendons ensuite au Tsukiji market, la foule est dense, nous déjeunons sur le pouce de bœuf waygu, de sortes de makis dont j’ai oublié le nom

Nous explorons Akihabara, une sorte de Times Square local où le bruit est atténué, prenons un café dans un bar à chat, jouons sur des machines à sous, sollicités tout au long par des jeunes femmes en tenue d’écolière

Nous visitons Roppongi Hills, le musée Mori avec sa vue spectaculaire sur la ville et une exposition sur les Tokyo Revengers

Dîner de soba noodles dans le food court de Roppongi Hills

Visite de la librairie, très belle, rayonnages noirs sur lesquels les livres brillent de mille feux

Nous décidons de rejoindre l’hôtel par des rues de plus en plus calmes à mesure que nous nous approchons des ambassades, conversation à pied en famille

Jour 6

Le matin, il pleut pendant quelques heures, les gouttes que fait l’eau sur la fontaine devant l’hôtel quand je sors courir dans une pluie silencieuse

À mesure que je cours autour du parc, le ciel s’éclaircit, dans les jardins jaunes ponctués de pins, des oiseaux noirs forment une constellation de points sautillants

De retour à l’hôtel, je vais nager dans la gigantesque piscine et m’adonne au rituel du spa

Je rejoins le reste de la famille à Shibuya crossing puis nous allons manger des ramens à Shinjuku

Nous visitons le quartier de Koenjikita dans l’ouest de la ville, son Brooklyn, avec des magasins vintage et des boutiques pittoresques sous des arcades

Retour à l’hôtel après une tentative vaine de visiter le dernier étage de l’immeuble Met à Shinjuku

Réveillon de Noël à l’occidental parmi des Américains et des Australiens au dernier étage de l’hôtel Park Hyatt avec ses vues incroyables, le dîner n’est pas bon, il est très cher : une incursion malvenue pendant notre voyage dans les codes occidentaux

Jour 7

À dix heures, nous prenons le Bullet Train Nozomi que j’ai réservé un mois auparavant à la station Tokyo pour rejoindre Kyoto en un peu plus de deux heures

Le débarquement donne l’impression d’avoir voyagé quelque peu dans le temps dans l’ancienne capitale impériale

Nous nous enregistrons à l’hôtel Good Nature qui nous déçoit en comparaison – pour des prix étrangement similaires – à la beauté envoûtante de The Okura et à son luxe très japonais

Nous allons directement au quartier Gion, déambulons dans les rues commerçantes et visitons un beau temple, ses pavillons offrant une vue sur le jardin, le cliché de Kyoto pour moi

Nous visitons le temple Kiyomizu-dera où une foule compacte et insupportable se presse et traînaille devant les marchands du temple

Nous dînons au Takayama dans l’immeuble de l’hôtel, l’expérience est mémorable et le chef très sympathique a décidé de fusionner la cuisine nippone et italienne

Jour 8

Une autre journée splendide (nous sommes le 2 janvier 2024)

Je cours le long des berges de la rivière Kamo, la rivière coule, ce n’est pas un fleuve, des pierres disposées dans une géométrie fortuite forment des ponts piétons

À 30 minutes en taxi du centre, nous explorons dans un état de félicité la forêt d’Arashiyama

Nous visitons les temples de Gioji et de Jojakoji qui instillent un sentiment de paix rythmé par les gongs et le bruit des cours d’eau

Nous déjeunons dans une gargote Azasino recommandée par le taxi

Nous visitons au pas de course la forêt de bambous mais surtout les sublimes jardins de Choujin Shrine Groves

Nous marchons ensuite dans un décor de Totoro vers la rivière Katsura sur laquelle des vacanciers naviguent sur de petits kayaks

Nous prenons un taxi providentiel qui nous sauve de la foule commençant à déferler du pont

Nous participons à une cérémonie de thé à Kyoto, les kimonos que nous portons sont sublimes, je songe au Kyoto de Kawabata où le père est un grossiste de kimonos inspiré par Paul Klee, nous dégustons du matcha pur, sans lait, sans sucre, et, de qualité supérieure, il n’est pas amer

Nous prenons le train pour le sanctuaire Inari à Fushimi, toujours sur les traces de Kawabata, nous gravissons la colline le long des milliers de Torii orange ponctuant l’escalade, la nuit tombe, le soleil dore l’interstice avec le ciel à l’horizon, les lumières de Kyoto s’allument les unes après les autres

Nous rentrons à Kyoto en train et dînons dans les ruelles étroites de la rue Pontocho, nous dégustons des anguilles

Jour 9

Je cours sur les berges de la rivière Kamo

Nous visitons les jardins splendides de Higashiyama Jisho-ji au nord de la ville

Nous marchons ensuite le long du chemin de philosophie désert, le bruit du cours d’eau, les petits ponts en pierre, un café d’autrefois avec une poêle qui fume

Nous visitons le temple doré Kinkaku-ji parmi une foule plus dense, l’or rend bien sur les réseaux sociaux

Nous nous promenons dans les allées désertes du complexe bouddhiste Daitoku-ji et visitons le jardin Zen Daisen-in où j’éprouve une profonde émotion esthétique

Nous rejoignons en taxi le palais impérial et marchons dans les jardins (le palais est fermé), puis déjeunons dans un charmant restaurant de sushi intitulé Sushi-fuji

Nous rejoignons à pied en repassant par les jardins impériaux le château Nijo dont les jardins sont magnifiques

Nous rentrons à l’hôtel pour nous reposer un peu en passant par la rue Tominokoji-dori de shopping

Nous allons à la gare de Kyoto pour prendre le bullet train de 18h06 pour Tokyo

Nous prenons un Uber pour Haneda et dormons au sein même de l’aérogare dans l’hôtel Royal Park du terminal 3 afin de prendre, le lendemain matin, le vol de 8h25 de Japan Airlines pour Paris

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