Le sel des larmes, de Philippe Garrel, le plus beau, le plus émouvant, le plus filial des films de l’année, et l’un des meilleurs Garrel, dont la caméra déambule dans les quartiers en noir et blanc de la grâce absolue
La femme qui s’est enfuie, de Hong Sangsoo, lequel est passé de Rohmer à un minimalisme conceptuel proche d’Ozu qui atteint ici des sommets de grâce, celle aussi de Kim Min-Hee. Natures mortes avec des personnages, tableaux de genre admirables et une émotion tout en sous-dits, tout en sourdine
Ema, de Pablo Larrain, parce que j’aime les films clinquants où l’on danse, le montage par ellipses successives, l’érotisme torride, les mouvements sensuels de caméra, la beauté magnétique de Mariana di Girolamo et la bigarrure chromatique de Valparaiso
Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, d’Emmanuel Mouret, un cinéaste qui évolue, se transcende, passe de la citation à l’invention (malgré l’ombre de Woody Allen qui plane un peu trop), grâce ici à une très belle construction du récit, un usage assez unique de la musique classique (playlist de ouf), et une dernière histoire avec Emilie Dequenne, de loin la plus belle, bouleversante.
Tenet, de Chris Nolan, pour l’odeur de pop-corn chaud, l’obscurité des salles, la stridence du Dolby Atmos Surround, les films d’action imbitables et ridicules qui me manquent tant
Invisible man, de Leigh Whannel, une adaptation hyper tendue du classique de H.G. Wells à l’heure de MeToo et de la servante écarlate
Enorme, de Sophie Letourneur, je m’attendais à une « fantaisie française qui ne fait pas rire » or j’ai énormément ri, non sans une pointe d’émotion, grâce à des acteurs excellents, Marina Foïs à fond dans la dépression éberluée, et Jonathan Cohen dans le délire du second degré au premier degré
Eté 85, d’Ozon at its best, dans des années 1980 très Effrontée, qui provoquent une nostalgie folle, dans cette manière personnelle de faire du Truffaut gay
Ondine, de Christian Petzold, surtout pour Paula Beer, mais aussi une mise en scène élégiaque et le mystère du mythe qui s’insinue dans l’architecture de la ville et ses entrailles liquides
Pieces of a woman, de Kornél Mundruczo, très beau film, superbement joué, sur les affres de la maternité, avec une séquence d’accouchement hallucinante
King of Staten Island, de Judd Apatow, par le cinéaste des déprimés et des zinzins, dans un NY délaissé de la frange en instance de gentrification et sa galerie de losers. Acteurs magnifiques dont Pete Davidson et une bouleversante Marisa Tomei