Je l’avais lu à l’adolescence et c’était le livre de ma vie. Depuis, je m’en suis toujours méfié. Je n’osais même pas l’ouvrir de crainte d’être déçu, comme on peut l’être en revenant sur les lieux de la mémoire et découvrant que leur taille et leur beauté ont été magnifiées par celle-ci. Hélas, pour ces grands classiques, ils ont la réputation d’être scolaires, juste bon pour griller les élèves dans des oraux de français et, aussitôt le supplice passé, être oubliés à jamais.
Ma fille avait donc un oral de français et, comme j’avais souvent parlé de ce livre, m’a demandé de l’aide. Elle avait une cinquante de questions auxquelles il fallait répondre. Non sans appréhension, j’ai téléchargé le pdf du livre et en ai parcouru de nombreux passages pour en discuter avec elle.
Ma surprise fut grande et ma joie profonde de découvrir que c’était trop de la balle. Tout à coup, avec une fraîcheur intacte que le temps n’avait en rien altérée, toute l’écriture stendhalienne, et son ironie joyeuse – aucune passion triste chez lui, tout est légèreté, en cela il se distingue d’une grande partie de la littérature française – sont remontées à la surface de ma mémoire comme des bulles de champagnes qu’elle aurait emprisonnées.
Voici les questions réponses que nous avons travaillées car tout l’intérêt d’un plaisir est qu’il soit partagé.
Première partie :
Chapitre 1 : Comment la ville de Verrières est-elle décrite ? Quel est le point de vue du personnage sur la ville ?
La ville de Verrières est décrire comme pouvant passer pour « l’une des plus jolies de la Franche-Comté ». Elle est abritée par une haute montagne, une des branches du Jura, et traversée par un torrent qui donne mouvement à de nombreuses scies à bois. En entrant dans Verrières, on entend le fracas de la fabrique de clous du maire, M. de Rênal.
Nous suivons le point de vue d’un voyageur qui visiterait la ville et apercevrait tour à tour, au gré de sa promenade, la fabrique, M. de Rênal, sa belle maison ou la scie à bois de SOREL. Le narrateur sert presque de guide à ce voyageur fictif.
Chapitre 2 : Qu’est-ce qui est au centre de la ville ?
Au centre de la ville, se trouve le COURS DE LA FIDELITE, une promenade publique qui longe la colline à une centaine de pieds au-dessus du cours du Doubs, avec une des vues les plus pittoresques de France.
Chapitre 3 : Pour quelles raisons M.de Rênal est-il en conflit avec M. Valenod ?
M. de Rênal et M. Valenod, directeur du dépôt de mendicité, sont des rivaux. Valenod a par le passé fait la cour à madame de Rênal. M. de Rênal est jaloux des chevaux normands que Valenod a achetés et souhaite à tout prix engager Julien Sorel comme précepteur chez lui avant que Valenod ne le fasse.
Chapitre 4 : Quelles relations Julien entretient-il avec sa famille ?
Julien Sorel est un intellectuel sensible qui n’entretient pas de bonnes relations avec sa famille de travailleurs. Il existe un fossé entre Julien et son père rustre qui le bat. Julien ne se sent pas intégré dans sa famille.
Chapitre 5 : Pourquoi ne veut-il pas être précepteur chez M. de Rênal ?
Julien veut s’engager comme soldat et ne veut « pas être domestique » chez les de Rênal, réduit à manger avec eux. Il puisait cette « répugnance » à manger avec les domestiques dans les Confessions de Rousseau.
Chapitre 7 : Comment réagit Julien à I ‘offre de Mme de Rênal de payer son linge ?
Julien est pris de colère par l’offre de madame de Rênal de lui payer son linge : « les yeux brillants de colère ». Il ne souhaite pas être réduit à moins qu’un valet en acceptant cette offre.
Chapitre 8 : Comment Julien réagit-il à la proposition d’Élisa ? Et Mme de Rênal ? Quelle réflexion fait-elle alors ?
Julien décline la proposition d’épouser Elisa, « l’offre de Mademoiselle Elisa ne pouvait lui convenir ». Madame de Rênal est fortement étonnée par cette même proposition, elle ne trouve plus le sommeil et tombe gravement malade. Elle fait la réflexion de leur bonheur sans elle : « Elle ne pouvait penser qu’à eux et au bonheur qu’ils trouveraient dans leur ménage ».
Chapitre 9 : Quel défi Julien se lance-t-il et pourquoi ?
Ce passage est l’un des plus célèbres du roman.
La veille, dans le chapitre précédent, Julien, en gesticulant, touche la main de madame de Rênal qui la retire bien vite. « Julien pensa qu’il était de son devoir d’obtenir que l’on ne retirât pas cette main quand il la touchait. L’idée d’un devoir à accomplir, et d’un ridicule ou plutôt d’un sentiment d’infériorité à encourir si l’on n’y parvenait pas, éloigna sur-le-champ tout plaisir de son cœur. »
Le lendemain, dans le chapitre IX, Julien « décida qu’il fallait absolument qu’elle permit ce soir-là que sa main restât dans la sienne. »
Julien se lance un défi fatidique : « Au moment précis où dix heures sonneront, j’exécuterai ce que, pendant toute la journée, je me suis promis de faire ce soir, ou je monterai chez moi me brûler la cervelle. »
Chapitre 12 : Montrez que l’épisode de la grotte est caractéristique du héros romantique.
Le décor dans lequel se retrouve Julien est romantique, « des roches nues qui couronnent la grande montagne », le soleil qui se couche derrière les « montagnes éloignées du Beaujolais », une « retraite » solitaire dans laquelle il voit « s’éteindre, l’un après l’autre, tous les rayons du crépuscule. »
Une des plus grandes caractéristiques du héros romantique est son courage et son indépendance ; Dans la grotte, Julien se sent mû par ses valeurs : « Pourquoi ne passerais-je pas la nuit ici ? […] je suis libre ! » pense-t-il.
Le héros romantique est aussi dans la « contemplation », la « rêverie », l’aspiration à l’amour passionnel et la gloire. Cette phrase résume, non sans ironie stendhalienne toutefois, cette disposition de l’âme de Julien dans l’« immense obscurité » de cette nuit : « Il aimait avec passion, il était aimé. S’il se séparait d’elle pour quelques instants, c’était pour aller se couvrir de gloire et mériter d’en être encore plus aimé. »
Chapitre 13 : Quelle résolution Julien prend-il à son tour à son retour de chez Fouqué ?
A son retour de chez Fouqué, Julien prend la résolution de quitter la maison de M. de Rênal et ses élèves : « J’aurais beaucoup de peine à quitter des enfants si aimables et si bien nés, mais peut-être le faudra-t-il. On a aussi des devoirs envers soi. »
Chapitre 15 : En quoi la relation entre les deux personnages évolue-t-elle ?
Julien entre dans la chambre de madame de Rênal et quand il en sort, « on eût pu dire, en style de roman, qu’il n’avait plus rien à désirer. » Julien en éprouve une grande fierté et madame de Rênal est sujette à des tourments et des remords.
Chapitre 16 : Quel jugement Mme Derville porte-t-elle sur Julien ?
Madame Derville porte un jugement contraire à celui de Mme de Rênal ; elle s’oppose à l’amour que celle-ci ressent pour Julien. A demi-mots, elle lui peint, sous de hideuses couleurs, le danger qu’elle court. Le soir, elle s’arrange pour s’asseoir entre eux et les empêche de se saisir la main.
Chapitre 18 : Que nous apprend sur Julien le passage sur l’évêque d’Agde ? Quel est le déclencheur de l’admiration de Julien pour la carrière ecclésiastique ?
Julien est stupéfait d’admiration pour la cérémonie religieuse. « Il ne songeait plus à Napoléon et à la gloire militaire. » L’évêque et le faste de la cérémonie déclenchent son intérêt pour la carrière ecclésiastique.
Chapitre 19 : Pourquoi Mme de Rênal veut-elle que Julien parte ? Comment leur relation évolue-t-elle ? Qu’apprend M. de Rênal à la fin du chapitre ?
Madame de Rênal souhaite que Julien parte car, dévorée de remords, elle pense que sa présence tue son fils Stanislas. Leur relation devient donc fragile et ils s’éloignent. M. de Rênal apprend par une lettre anonyme ce qui se passe entre madame de Rênal et Julien, au sein même de sa maison.
Chapitre 20 : Quel stratagème Mme de Rênal prépare-t-elle ?
Le stratagème de madame de Rênal consiste à s’envoyer à elle-même, avec l’aide de Julien, une lettre anonyme et de faire croire à son mari qu’elle provient de Valenod, qui l’a poursuivie d’une cour assidue par le passé. En donnant la lettre à son mari, « avec un visage renversé », elle discrédite la thèse de sa liaison avec Julien puisque l’accusation provient du rival Valenod.
Chapitre 22 : Comment Valenod est-il caricaturé ? Pourquoi Julien est-il en proie à une violente émotion pendant le dîner ?
Valenod et sa femme sont caricaturés comme des parvenus, habitant une maison magnifique et disant le prix de chaque meuble et du vin servi dans des « verres verts ».
Dans le chapitre III, le narrateur fait cette description de Valenod qui campe parfaitement le personnage avec une ironie toute stendhalienne : « ce M. Valenod grand jeune homme, taillé en force, avec un visage coloré et de gros favoris noirs, était un de ces êtres grossiers, effrontés et bruyants, qu’en province on appelle de beaux hommes. »
De l’autre côté du mur de la maison de Valenod, des détenus chantent une chanson populaire et Valenod les fait taire, en imposant, pour utiliser les mots du directeur, « silence aux gueux ? » Ce mot est trop fort pour Julien qui est en proie à une violente émotion.
Chapitre 23 : Comment le narrateur ridiculise M. de Rênal en soulignant sa bêtise ?
La narrateur parle d’un « petit homme » avec des « petites craintes ». Il dit aussi que « le grand malheur des petites villes de France c’est de ne pas pouvoir oublier qu’il existe au monde des êtres comme M. de Rênal. »
Chapitres 25 et 26 : Quelles sont les relations de Julien avec les autres séminaristes ? Qui essaie de le corrompre ?
Les séminaristes sont divisés en trois groupes. Julien se sent éloigné des trois, pour différentes raisons. Huit ou dix séminaristes vivaient en odeur de sainteté. Ces pauvres jeunes gens à visions étaient presque toujours à l’infirmerie et Julien ne les voyait pas. Une centaine d’autres réunissaient à une foi robuste une infatigable application. Ils travaillaient au point de se rendre malades, mais sans apprendre grand-chose. Deux ou trois se distinguaient par un talent réel, et, entre autres, un nommé Chazel, mais même de ceux-là Julien se sentait éloigné. Le reste des trois cent vingt et un séminaristes ne se composait que d’êtres grossiers qui n’étaient pas bien sûrs de comprendre les mots latins.
Beaucoup de séminaristes se contentaient du plaisir de dîner et comme Julien s’y montrait insensible, il se fit des ennemis. « Les jours de grande fête, on donnait aux séminaristes des saucisses avec de la choucroute. Les voisins de table de Julien observèrent qu’il était insensible à ce bonheur ; ce fut là un de ses premiers crimes. Ses camarades y virent un trait odieux de la plus sotte hypocrisie ; rien ne lui fit plus d’ennemis. Voyez ce bourgeois, voyez ce dédaigneux, disaient-ils, qui fait semblant de mépriser la meilleure pitance, des saucisses avec de la choucroute ! fi, le vilain ! l’orgueilleux ! le damné ! »
Progressivement, après le sentiment de mépris, Julien finit par éprouver de la pitié pour les séminaristes : « il était arrivé souvent aux pères de la plupart de ses camarades de rentrer le soir dans l’hiver à leur chaumière, et de n’y trouver ni pain, ni châtaignes, ni pommes de terre. »
Julien a ces mots cinglants pour ses camarades : « Mes camarades ont une vocation ferme, c’est-à-dire qu’ils voient dans l’état ecclésiastique une longue continuation de ce bonheur : bien dîner et avoir un habit chaud en hiver. »
Ayant découvert une carte à jouer dans sa malle avec ceci écrit dessus : « Amanda Binet, au café de la Girafe, avant huit heures. Dire que l’on est de Genlis, et le cousin de ma mère », l’abbé Castanède tente de corrompre Julien en l’incitant à sortir pour retrouver la belle Amanda. Heureusement, Julien ne cède pas à la tentation.
Chapitre 27 : De quoi Julien est-il dégouté au séminaire ?
Au séminaire, Julien tombe dans des moments de découragement et de dégoût ; il n’avait en effet ni succès, ni carrière. Les autres séminaristes renforcent ce sentiment de dégoût : « l’insolence de ces êtres grossiers lui avait fait beaucoup de peine ; leur bassesse lui causa du dégoût. »
Chapitre 28 : Qui rencontre-t-il à la cathédrale ?
Julien rencontre madame de Rênal à la cathédrale, ce qui provoque une profonde émotion. « Que devint-il en reconnaissant la chevelure de madame de Rênal ! »
Chapitre 29 : Quelle promotion obtient-il ? Quelle attitude ont alors les autres séminaristes envers lui ?
M. Pirard fait de Julien répétiteur pour le Nouveau et l’Ancien Testament, car il trouve qu’il le mérite. Julien est honoré de cette promotion et les séminaristes font preuve d’une attitude respectueuse envers lui, changent d’avis à son sujet.
Chapitre 30 : Qui revoit -il ?
Julien revoit madame de Rênal, à qui il fait ses adieux avant de se rendre à Paris ; « Oui, madame, je vous quitte pour toujours, soyez heureuse ; adieu. »
Deuxième partie :
Chapitre 2 : Comment la famille de La Mole est-elle décrite ? Dans quel quartier de Paris la famille habite-t-elle ? Comment Julien, qui est provincial arrive-t-il à se distinguer ?
La famille de la Mole est décrite comme noble et très fortunée, Monsieur de la Mole est ministre du roi et pair de France, ils habitent le quartier premier de Paris. Julien étant provincial, il arrive à se distinguer grâce à sa passion pour les bibliothèques et les ouvrages.
Chapitre 4 : Comment se comporte-t-on dans un salon parisien ? qu’en pense Julien ?
Dans un salon parisien, on se comporte avec grâce. Julien remarque que tous les yeux du salon sont rivés vers la porte. Julien, en tant que provincial, trouve un certain ennui dans ces salons.
Chapitre 6. Comment Julien est-il verbalement anobli ? Qui y contribue ?
Julien est verbalement anobli par son initiation aux codes de la haute société, auxquels le Marquis de la Mole contribue ; il possède une culture et une passion littéraire qui charment le Marquis mais surtout sa fille, Mathilde.
Chapitre 7 : Comment les relations avec M. de La Mole évoluent-elles ? Qu’apprend-on à Londres ? Quelle ascension réalise-t-il ?
Le marquis est de plus en plus intéressé par Julien et son « caractère singulier. » Au début, il se moquait des ridicules de Julien, puis il trouve plus d’intérêt à les corriger. Le marquis s’attache à Julien et le traite comme un fils.
A Londres, Julien connaît enfin « la haute fatuité », initié par de jeunes seigneurs russes. Ceux-ci lui recommandent de toujours faire le contraire de ce qu’on attend de lui.
Julien apprend par ailleurs que Valenod allait être nommé marie de Verrières à la place de M. de Rênal.
Chapitre 8 : Pourquoi Julien s’intéresse-t-il à Mathilde ?
Mathilde le déplaît, mais il se sent devoir « des comptes à tous les membres de la famille ». Ensuite il remarque qu’elle passe pour remarquable aux yeux de la société, « elle vaut la peine que je l’étudie » pense-t-il alors. « Je comprendrai quelle est la perfection pour ces gens-là. »
Chapitre 9 : Comment leur relation évolue-t-elle ?
Mathilde est de plus en plus attirée par Julien, elle le trouve « réellement si beau », il la libère de l’ennui qu’elle éprouve au bal, la choque et l’intrigue en même temps, (« il ne fut pas en son pouvoir de l’oublier. ») Julien ne semble pas s’intéresser à elle et cela la trouble d’autant plus.
Chapitre 10 : Quelles différences Julien fait-il entre Mme de Rênal et Mathilde ? Pourquoi Mathilde est-elle en grand deuil ? Comment sa relation avec Julien évolue-t-elle ?
Madame de Rênal représente le « naturel charmant », la « naïveté », c’est une « femme sublime ». Dans un précédent chapitre (le chapitre III de la première partie), le narrateur fait d’elle cette description dans le plus pur style stendhalien : « Elle avait un certain air de simplicité, et de la jeunesse dans la démarche ; aux yeux d’un Parisien, cette grâce naïve, pleine d’innocence et de vivacité, serait même allée jusqu’à rappeler des idées de douce volupté. »
Mathilde, elle, n’est que « vanité sèche et hautaine, toutes les nuances de l’amour-propre et rien de plus. »
Mathilde de la Mole est en deuil car « c’est aujourd’hui le 30 avril », or le 30 avril 1574, Boniface de La Mole, et Annibal de Coconasso, gentilhomme piémontais, son ami, avaient eu la tête tranchée en place de Grève. La Mole était l’amant adoré de la reine Marguerite de Navarre et Mathilde s’appelle Mathilde-Marguerite. Mathilde voue un véritable culte à cet ancêtre et son amour pour Marguerite de Navarre, fascination qui jouera un rôle à la fin du roman.
Peu à peu ses conversations avec Mathilde deviennent plus intéressantes. « Il oubliait son triste rôle de plébéien révolté. Il la trouvait savante, et même raisonnable. » « Quelquefois elle avait avec lui un enthousiasme et une franchise qui formaient un contraste parfait avec sa manière d’être ordinaire, si altière et si froide. »
Chapitre 11 : Quel type d’amour Mathilde ressent-elle pour Julien ?
Mathilde « meurt d’ennui » parmi les garçons de son âge qui, malgré leurs « manières parfaites », ne sont pour elle que le « même homme parfait ». Julien est « autre », différent des « jeunes gens à moustache », et d’une extraction sociale différente. Il est la matière parfaite pour la cristallisation stendhalienne, qui consiste à partir d’une personne pour construire tout un imaginaire amoureux et romantique, qui résonne avec Boniface de la Mole. Dans l’esprit de Mathilde de la Mole, Julien subira des altérations romanesques comme le rameau de Salzbourg sous l’éclat des cristaux.
« Une idée l’illumina tout à coup : J’ai le bonheur d’aimer, se dit-elle un jour, avec un transport de joie incroyable. J’aime, j’aime, c’est clair ! »
Mathilde ressent de la « grande passion » pour Julien, « pas un amour léger », un amour digne de Manon Lescaut, la Nouvelle Héloïse, Les Lettres d’une Religieuse portugaise. Un amour flamboyant et romanesque.
Chapitre 12 : Quel trait de caractère de Julien fait peur aux nobles ?
Les nobles ont peur de la fougue révolutionnaire de Julien : « si la révolution recommence, il nous fera tous guillotiner. » s’écrie son frère.
Chapitre 13 : comment Mathilde se déclare-t-elle ? Quel effet cela produit-il sur Julien ? Que fait-il de la lettre ?
Mathilde remet une lettre à Julien qui est « tout simplement une déclaration d’amour. » Julien éprouve une profonde joie « qui allait jusqu’au délire », « contractait ses joues et le forçait à rire malgré lui. » Il essaye de comprimer cette joie triomphale, en vain. Cette lettre a pour lui des allures de revanche sociale.
Il achète une énorme Bible chez un libraire protestant, cache la lettre de Mathilde dans la couverture, et adresse le tout à Fouqué.
Chapitre 14 : Quel rendez-vous est fixé ?
Mathilde donne rendez-vous à Julien dans sa chambre, une heure après minuit. Julien doit se rendre dans le jardin et monter une échelle pour la rejoindre.
Chapitre 15 : Que pense Julien des avances de Mathilde ? Comment réagit-il ?
La lettre de mademoiselle de La Mole donne à Julien « une jouissance de vanité vive ». Il se délecte du fait que lui « plébéien », « paysan du Jura », ait les faveurs d’une grande dame, et triomphe de jeunes hommes de haut rang comme le marquis de Croisenois.
Dans un deuxième temps toutefois, quand Mathilde lui donne rendez-vous dans sa chambre, il a peur d’être l’objet d’un complot (« on veut me perdre ou se moquer de moi, tout au moins. ») Il hésite alors énormément, se demande s’il doit y aller ou pas, car si elle est de bonne foi, Mathilde le mépriserait s’il manque au rendez-vous.
Chapitre 16 : Comment se passe la première rencontre avec Mathilde ? Quelle comparaison fait-il avec Mme de Rênal ?
L’embarras est grand des deux côtés. La scène a presque des accents comiques avec l’échelle qu’il faut remonter. Ce n’est pas la volupté de l’âme qu’il avait trouvée quelquefois auprès de madame de Rênal. « Il n’y avait rien de tendre dans ses sentiments de ce premier moment. C’était le plus vif bonheur d’ambition. »
Chapitre 18 : Comment évolue la relation entre Julien et Mathilde ?
L’amour de Mathilde se transforme dans ce chapitre en mépris, une sensation allant jusqu’au dégoût. Julien est bouleversé, éprouvant un malheur dont il n’avait pas l’idée.
Chapitre 19 : Qu’est-ce qui indique chez Mathilde une certaine immaturité ?
Mathilde passe du mépris, au grand amour, au mépris à nouveau. Dans une parenthèse au lecteur, la narrateur évoque « les folies de cette aimable fille ?. » Alors que Madame de Rênal représente l’amour vrai, pour Stendhal Mathilde représente l’amour de tête : « l’amour de tête a plus d’esprit sans doute que l’amour vrai, mais il n’a que des instants d’enthousiasme ; il se connaît trop, il se juge sans cesse ; loin d’égarer la pensée, il n’est bâti qu’à force de pensées. »
Chapitre 20 : Que symbolise le bris de verre ?
Julien fait tomber un vieux vase de Japon en porcelaine bleue et sa destruction symbolise celle de son sentiment pour Mathilde.
Chapitre 21 : Qu’est-ce qui montre la confiance de M. de la Mole vis-à-vis de Julien ?
Il ne lui demande pas son serment de ne pas répéter ce qu’il va entendre dans une réunion à laquelle il l’envoie : « je vous connais trop pour vous faire cette injure », lui dit-il.
Chapitre 23 : Qui l’aide durant son voyage ? Qui fouille ses affaires pour trouver des papiers compromettants ?
Il signor Geronimo, le célèbre chanteur napolitain l’aide. L’abbé Castanède fouille dans ses affaires avec l’aide du maître-poste.
Chapitre 24 : Quel ami rencontre-t-il ? Quels conseils lui donne-t-il pour reconquérir Mathilde?
Il rencontre le prince Korasoff, cet ami de Londres qui lui avait dévoilé quelques mois auparavant les premières règles de la haute fatuité.
Le prince Korasoff lui conseille de voir Mathilde (que Julien appelle Madame de Dubois pour la circonstance) tous les jours, et de faire la cour à une autre femme de sa société mais sans montrer aucune passion envers celle-ci. Cette femme sera madame la maréchale de Fervaques.
Chapitre 25 : Comment se passe la conquête de Mme de Fervaques ?
Julien se place tous les soirs près du fauteuil de madame de Fervaques à l’Opéra Bouffe mais il lui est impossible de trouver un mot à dire, absorbé par ses efforts pour paraître guéri de son malheur aux yeux de Mathilde.
Chapitre 26 : Que pense Mme de Fervaques de Julien ?
Elle pense qu’il a de la distinction et lui reconnaît, à la différence des jeunes de son âge, un sérieux profond et de l’onction.
Chapitre 30 Qu’arrive-t-il à Mathilde ?
Mathilde éprouve de la jalousie envers madame de Fervaques et son orgueil est blessé.
Chapitre 32 : Qu’apprend-elle à Julien ? Qu’écrit Mathilde à son père ?
Mathilde apprend à Julien qu’elle est enceinte. Elle écrit une lettre à son père pour lui dire que Julien est son « mari » et le « père de son enfant. »
Chapitre 33 : Qui conseille Julien ? Quelle est I ‘attitude de Mathilde ?
L’abbé Pirard conseille Julien. Mathilde est désespérée mais intransigeante dans sa volonté de devenir Madame Sorel.
Chapitre 34 : Pour quelles raisons M. de La mole réfléchit-il au sort qu’il pourrait finalement aider Julien à atteindre ? Quelle offre fait-il ?
Le marquis est très indécis, oscillant entre la volonté d’enrichir Julien d’une part et l’envoyer en exil de l’autre. Mais c’est une lettre de sa fille où celle-ci avoue l’avoir aimé la première qui le décide à l’aider. Il donne ses terres de Languedoc à Julien et le titre de chevalier de la Vernaye.
Chapitre 35 : Quel coup de théâtre se produit ? Que fait Julien ?
Mathilde écrit au chevalier de Vernaye (Julien, donc) que « tout est perdu ». Il se précipite pour la retrouver et elle lui montre une lettre de son père dans laquelle il donne sa parole d’honneur à ne jamais consentir à son mariage. En fait, Madame de Rênal a écrit une lettre au marquis où elle dit penser qu’un des moyens de Julien de réussir dans une maison est de séduire la femme qui a le principal crédit. Julien accourt à Verrières et tire sur Madame de Rênal au cours de la messe.
Chapitre 36 : Qu’écrit Julien à Mathilde ?
Il écrit à Mathilde ses « dernières paroles et ses dernières adorations ». Il lui explique qu’il devait se venger et lui demande de l’oublier, et, un an après sa mort, d’épouser M. de Croisenois.
Chapitre 37 : Quelles visites reçoit-il ?
Il reçoit les visites du vénérable curé Chélan et de Fouqué.
Chapitre 38 : Qui lui rend visite ? dans quel but ?
Mathilde lui rend visite pour faire preuve de son amour. Elle poursuit ensuite des démarches à Besançon pour le faire libérer.
Chapitre 39 : Comment Julien évolue-t-il ? Quelle demande étrange fait Mathilde concernant leur futur enfant ?
La passion de Mathilde le rend de plus en plus insensible, il est « fatigué par son héroïsme », il la trouve « changeante ». L’approche de la mort le désintéresse de tout. Il lui demande de mettre leur enfant en nourrice à Verrières, et madame de Rênal surveillera la nourrice. Julien craint que « la négligence sera le lot de cet enfant du malheur et de la honte… »
Chapitre 40 : Qui œuvre pour que Julien soit sauvé ?
Madame de Rênal œuvre pour qu’il soit sauvé. Elle écrit de sa main aux trente-six jurés et leur dit ceci : « Je ne désire qu’une chose au monde et avec passion, c’est qu’il soit sauvé. »
Chapitre 41 : Quel est le verdict ? pourquoi ?
Julien est reconnu coupable de meurtre avec préméditation et cette déclaration entraîne la peine de mort. Valenod qui prononce le verdict se venge de son ancienne rivalité auprès de madame de Rênal.
Chapitre 42 : Que refuse-t-il de faire ? que pense-t-il de Mathilde et de Mme de Rênal ?
Julien refuse de faire appel. Il est dur envers Mathilde dont les « imprécations » l’excèdent. Il songe en revanche avec tendresse à madame de Rênal. « Il voyait madame de Rênal pleurer… Il suivait la route de chaque larme sur cette figure charmante. »
Chapitre 43 : Qui obtient l’appel de Julien ? Qui a-t-il vraiment aimé ? Qui lui rend visite ? quel effet cela a-t-il sur lui ?
Madame de Rênal obtient par sa visite l’appel de Julien. C’est elle qu’il a vraiment aimée et d’elle qu’il est encore éperdument amoureux. Il reçoit la visite d’un saint prêtre qui met Julien dans une profonde colère et, pour la première fois, lui fait entrevoir la mort dans toute son horreur.
Chapitre 44 : Pourquoi Julien a-t-il été condamné d’après Valenod ? En quoi son père est-il rnéprisable ?
Selon M. de Frilair, Julien a été condamné car il a attaqué la vanité de l’aristocratie bourgeoise en leur parlant de caste. Il leur a ainsi indiqué ce qu’ils devaient faire dans leur intérêt politique. Son père est méprisable car il pourrait être charmé de voir son fils guillotiné pour les trois ou quatre cents louis qu’il va lui laisser.
Chapitre 45 : Quel personnage secondaire décède et dans quelles circonstances ? Que veut Mrne de Rênal pour sauver Julien ? Que se passe-t-il après sa mort ? Qu’indique la note finale du narrateur ?
M. de Croisenois décède dans un duel avec M. de Thaler qui s’était permis des propos désagréables sur Mathilde.
Madame de Rênal veut aller voir le roi Charles X pour sauver Julien.
Après la mort de Julien, Mathilde le suit jusqu’au tombeau et, comme Marguerite de Navarre avec Boniface de la Mole, elle porte ses genoux la tête de l’homme qu’elle a tant aimé dans une « étrange cérémonie » funèbre qui ne manque ni de pompe ni de théâtralité, avec cierges et marbres « sculptés à grands frais. »
Madame de Rênal quant à elle meurt trois jours après Julien et sa mort clôt le roman, dans une grande pudeur et une simplicité bouleversante qui contrastent avec la grandiloquence de Mathilde.
L’excipit est d’une grande simplicité :
« Madame de Rênal fut fidèle à sa promesse. Elle ne chercha en aucune manière à attenter à sa vie ; mais trois jours après Julien, elle mourut en embrassant ses enfants. »
Ainsi, après s’être cherchés et perdus, malgré les vicissitudes de la société, de l’ambition et de l’argent, madame de Rênal et Julien se retrouvent enfin, dans la paix. La note finale du narrateur précise que, par respect pour la vie privée, la ville de Verrières est inventée, et le séminaire et la cour d’assises sont placés pour les besoins de l’intrigue à Besançon.